Henri-François Mulard, Les reproches d'Hector à Pâris
1819,
Huile sur toile,
Musée d'Art Roger Quillot, Clermont-Ferrand
Selon la tradition, Pâris, appelé aussi Alexandre, fils de Priam et d’Hécube, fut abandonné à sa naissance sur le mont Ida, car sa mère avait rêvé qu’elle accouchait d’une torche enflammée. Élevé par un berger, il finit par découvrir son origine et se fit reconnaître à Troie au cours de jeux funéraires par son frère Déiphobe et sa sœur Cassandre. Il fut accueilli aussitôt avec joie par ses parents.
Dans l’Iliade, Pâris est regardé autant par les Troyens que par les Grecs comme le responsable de la guerre, pour avoir abusé de l’hospitalité de Ménélas en lui enlevant sa femme Hélène. Mais Aphrodite, qu’il avait jugée plus belle qu’Athéna et Héra, la lui avait promise. Pâris est un héros romantique : il a choisi l’amour d’Hélène plutôt que la puissance ou la gloire offertes par les deux autres déesses. Il marche au combat contraint et forcé. Lorsqu’il se trouve face à Ménélas, il recule, "frappé d’effroi", et c’est Hector qui le force à affronter son rival en combat singulier. Aphrodite le sauve en le ramenant auprès d’Hélène, dont l’accueil est plutôt froid : "Te voilà donc de retour du combat ! Ah ! que tu aurais donc mieux fait d’y périr sous les coups du puissant guerrier qui fut mon premier époux !" (III, 428-430). Tout au long de l’épopée, Homère décrit Hélène pleurant et regrettant d’être cause de la guerre : "Ah ! comme j’aurais dû préférer le trépas cruel, le jour où j’ai suivi ton fils jusqu’ici, abandonnant ma chambre nuptiale, mes proches, ma fille si choyée, mes aimables compagnes" (s’adressant à Priam, III, 173-175) ; elle semble même avoir un certain mépris pour le manque d’ardeur au combat de Pâris. Celui-ci, en revanche, tient à elle par-dessus tout ; contre l’avis des siens, il refuse de la rendre. Il veut bien rendre tous les trésors rapportés d’Argos, et même y ajouter des siens, mais pas Hélène. Selon la tradition, c’est l’archer Pâris qui transperce de sa flèche le talon d’Achille, entraînant sa mort. Lui-même sera tué par l’archer Philoctète lors du sac de Troie (cf. la tragédie d’Euripide, Philoctète).
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